

Conduite des femmes : et vous, quelle femme êtes-vous au volant ?
Selon plusieurs études, les hommes sont plus impliqués dans des accidents graves que les femmes. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Les statistiques sont constantes depuis 2018 et montrent clairement que les hommes sont largement plus impliqués dans les accidents graves sur la route. En effet, à kilomètres parcourus équivalents, les hommes représentent 88,7 % des décès liés aux accidents de la route, un chiffre impressionnant. Cette tendance se retrouve également parmi les blessés graves, puisque 75 % des victimes sont des hommes. Et surtout, 84 % des présumés responsables d’accidents mortels sont des hommes, ce qui représente une part alarmante.
Selon vous, existe-t-il des différences notables entre les comportements des femmes et des hommes au volant qui expliqueraient cette différence ?
Tout à fait, les femmes ont généralement une conduite moins à risque que les hommes, elles respectent davantage les règles de conduite comme les limitations de vitesse et les autres usagers de la route, et d’un point de vue général, elles adoptent une conduite moins agressive. Elles sont également plus prudentes dans leurs actions et ont tendance à éviter les comportements dangereux, comme l’usage du téléphone au volant, véritable fléau comme nous le savons, ou la conduite sous l’influence de l’alcool ou des stupéfiants.
Cette différence est influencée par des facteurs sociaux qui incitent les hommes à adopter une conduite plus agressive. En effet, les hommes sont plus sûrs d’eux et prennent parfois des risques, en pensant maîtriser leur véhicule et l’environnement. Ils sont pressés, se font passer avant les autres et ont du mal à rester calmes au volant.
Justement, on entend souvent dire que les femmes sont plus prudentes et les hommes plus agressifs sur la route. Quelle est votre opinion sur ces stéréotypes ?
C’est vrai que l’adage que tout le monde connait sous-entend que la conduite des femmes est dangereuse. En fait c’est complètement l’inverse ! Alors d’où viendrait ce dicton ? Des sociologues expliquent qu’une raison vraisemblable est que les hommes ont peur depuis longtemps que les femmes sortent du monde domestique et que ces stéréotypes sont une façon de freiner leur émancipation.
On peut en effet s’interroger sur l’impact que ces stéréotypes peuvent avoir sur la confiance des femmes et donc fatalement sur leur performance de conduite. Il est donc vraiment primordial de s’employer à faire disparaître ces stéréotypes néfastes.
La vitesse excessive est l’un des principaux facteurs d’accidents. Avez-vous remarqué une différence dans la manière dont les hommes et les femmes abordent la conduite à grande vitesse ?
En général, les hommes sont plus enclins à dépasser les limitations de vitesse, ce qui est souvent lié à un désir de dominance, de démonstration de pouvoir sur la route et d’impression d’être en contrôle. Plusieurs études montrent qu’ils sont plus susceptibles de dépasser les limites de vitesse, en particulier sur autoroute. De plus, les hommes conduisent généralement des modèles de voiture puissants, toujours le reflet de leur propre puissance. A l’inverse, comme je le disais précédemment, les femmes tendent à être plus prudentes et calmes et à respecter davantage les limitations de vitesse.
Selon vous, la culture sociale et l’éducation jouent-elles un rôle dans la manière dont les hommes et les femmes conduisent ?
Bien sûr, nous collons des étiquettes sur les genres, les hommes aiment la vitesse, les femmes ont peur et conduisent des petites voitures. C’est d’ailleurs sur cette vague qu’a surfé la fameuse Twingo de Renault, la petite voiture citadine idéale pour la ménagère et ses déplacements urbains rapides. Mettons un terme à ces stéréotypes ! Combien de fois entendons-nous dire que les femmes, parce qu’elles sont petites, ne sont pas capables de conduire une grosse berline. Et combien d’hommes ne veulent surtout pas prêter leur grosse voiture à leur femme de peur qu’elle n’y arrive pas. Ce sont des décennies de clichés qui pèsent sur les femmes et qui ont des impacts négatifs très concrets.
Dans votre propre expérience au volant, quelles sont les principales différences que vous avez observées dans l’attitude au volant entre des conducteurs hommes et femmes, et tout particulièrement dans des situations de stress ?
De mes observations personnelles, ce sont souvent des hommes qui se permettent de griller des files entières de véhicules par la bande d’arrêt d’urgence ou de couper des priorités, notamment à des usagers vulnérables. Ils sont aussi beaucoup plus agressifs en cas de désaccord et il m’arrive parfois d’avoir peur pour ma sécurité immédiate.
Selon vous, quelles actions pourraient être mises en place pour améliorer la sécurité routière, en prenant en compte les différences de comportements entre hommes et femmes ?
Le rang des actions à mettre en place est large. Tout d’abord, les campagnes de sensibilisation devraient être plus ciblées, en particulier pour les hommes, sur les dangers de la vitesse excessive et de la consommation d’alcool et de stupéfiants et leurs conséquences. De plus, je suis convaincue que la formation à la conduite doit évoluer, il est crucial de dire stop à la compétition homme versus femme dans les auto-écoles et d’adopter une approche plus inclusive. Des ateliers de gestion du stress et de l’agressivité afin d’aider tous les conducteurs à mieux gérer les situations stressantes sur la route devraient être intégrés dans les parcours de formation. Enfin, il est essentiel de former les deux genres aux dangers liés aux nouvelles technologies, comme l’utilisation du smartphone ou la manipulation des écrans intégrés aux véhicules, qui représentent de plus en plus un risque de distraction au volant.
Mais plus globalement, il faut agir sur l’ensemble de la sociabilisation, arrêter de valoriser la prise de risque et l’agressivité mais au contraire valoriser des qualités qui sont aujourd’hui dites « féminines » à savoir : le calme, l’attention aux autres, la courtoisie et la prudence.
Comment imaginez-vous que les comportements au volant évolueront à l’avenir, en tenant compte des changements sociaux et technologiques ?
La Direction de la Sécurité routière s’est saisie de la problématique et s’est engagée notamment à former et sensibiliser les professeurs et inspecteurs du permis de conduire aux biais de genre. Différentes campagnes de sensibilisation et de nombreux articles sur le sujet sont parus récemment.
Il faut continuer sur ces actions qui ont des effets à court terme, mais il faut aussi travailler sur la sociabilisation dès l’enfance pour favoriser pour tous une conduite calme, respectueuse et prudente, pour assurer la sécurité et sérénité de tous les usagers.
Et si cela ne suffit pas, PARIFEX pourra travailler sur le développement d’un radar détecteur d’homme au volant (rires, NDLR) !